Jeudi 4 novembre 2010 4 04 /11 /2010 15:24

Depuis le 1er novembre, la procédure inhumaine des expulsions locatives est suspendue. Ce moratoire dure jusqu’au 15 mars et c’est un répit pour des centaines de familles des Alpes-Maritimes qui ont échappé à la visite traumatisante des policiers, des huissiers, des serruriers.
Je dis centaines de familles mais peut-être devrais-je parler de milliers car, seul le préfet et ses services connaissent le nombre exact des procédures en cours. Comme il n’y a pas de quoi être fier de jeter à la rue hommes, femmes et enfants, le préfet sarkozyste gère cela dans l’opacité et le secret.

Il faut que se produise un drame comme celui du 14 septembre à Nice où une dame âgée est décédée en pleine procédure d’expulsion pour que le préfet déclare publiquement que « force doit rester à la loi. » Cette dame était âgée de 80 ans, évidemment « la force » a gagné !

Mais la loi qui est censée être appliquée par tous est bafouée par une poignée d’individus sur la Côte d’azur et là, le préfet reste silencieux. Je veux parler des maires des grandes villes qui sont hors-la-loi SRU : Nice, Antibes, Cagnes sur Mer, Cannes, Saint Laurent du Var, Menton, Mandelieu, Grasse… la quasi-totalité des maires qui sont, par ailleurs, député ou sénateur et qui se moquent comme de leur 1ère chemise de la Loi !

Pourquoi ne préfet ne prend-il pas des mesures contre ces personnages ?
Pourquoi les seuls qui paient les dégâts de la crise ce sont les pauvres, celles et ceux qui n’ont pas les moyens de payer des loyers au montant exorbitant ?

Pourtant, le président des riches avait pris des engagements de campagne en 2009 « il n’y aura plus un seul SDF ». Puis, la ministre Boutin avait annoncé « la fin des expulsions locatives. ».
Tout cela n’était que mensonges.

La vérité, c’est qu’il n’y a jamais eu autant de procédures d’expulsions qu’en 2010.

Cette politique est planifiée dans le département. C’est la méthode choisie pour vider les centres et les vieilles villes des familles populaires, avec les rénovations et l’explosion des prix, l’apartheid social se met en place : spéculation immobilière, logements vacants, les promoteurs immobiliers ne sont plus des bâtisseurs de logements mais des créateurs de produits financiers.

Pour les pauvres, pour ceux qui n’ont pas de salaires confortables, de garanties bancaires, de cautions, qu’est-ce qu’il reste ? L’hébergement familial, les logements insalubres, les caves, les garages, les voitures, les gares, les bancs publics, l’accueil de nuit quand il existe et qu’il est ouvert !

Cette situation est scandaleuse et intolérable dans des villes où le taux de logement social oscille entre 6% et 12%. Le moratoire sera utile si, d’ici le 15 mars, une réelle volonté existe de sortir ces familles du piège où elles sont.
Cette volonté doit se traduire par le fonctionnement réelle et non virtuel de la Commission départementale de suivi social. Il faudra bien que le préfet des Alpes-Maritimes dépasse le stade de l’incantation et active vraiment cet organisme, non seulement pour les familles menacées d’expulsion mais aussi par celles qui attendent depuis des années un logement social ou bien celles qui ont déposé un dossier DALO !

Cinq mois pour travailler concrètement à réduire cette violence sociale que représente l’absence d’un logement décent avec un loyer raisonnable. C’est quand même pas la révolution ! Alors, au boulot.

Par Gérard PIEL - Publié dans : Logement
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