Appel à refonder un Parti Communiste Français !!
Je viens de prendre connaissance du texte signé par une vingtaine de camarades des Alpes-Maritimes intitulé « Appel à refonder un PCF, comme une nouvelle force révolutionnaire pour le 21e siècle » (voir lien ci-dessous). Une grande partie des signataires ont été à la direction du PCF au niveau local, départemental, national. Je les ai côtoyés et j'ai partagé avec eux les combats de ces années terribles. Et c'est parce que j'ai partagé ces décennies avec eux que je ne peux pas signer cet appel.
J'ai adhéré au PCF en 1972, bientôt un demi-siècle. A l'époque le parti était régulièrement au-dessus des 20 % de voix à chaque élection. J'ai rejoint le parti au moment des combats pour le Programme commun.
Quand on relit le programme commun on peut constater l’ambition que nous portions à l’époque mais pourtant le déclin électoral commence bien à ce moment et non avec Robert Hue !
Croyez-moi je ne dis pas cela pour défendre Hue mais c'est un fait.
Doit-on élargir la focale internationale au-delà des seuls déboires du Parti communiste italien ? Je pense que oui. L'effondrement de l'URSS et des républiques dites socialistes de l'est n'est pas anodin. Les communistes soviétiques ont d'abord lâché les pays satellites puis pour la plupart ont liquidé eux-mêmes l'URSS et le PCUS. Pourtant ces pays étaient dirigés par un seul parti -état dispose d'un seul syndicat et la presse était unilatérale.
Nous étions à l'époque en responsabilité, mes chers camarades, et le moins que l'on puisse dire c'est que nous avons eu du mal avec ces événements.
Franchement, notre génération doit se poser les bonnes questions dont celle de notre responsabilité collective dans cet affaiblissement, non pas pour nous flageller ou pour flageller ceux qui ont en charge le parti aujourd'hui. Tirer un bilan qui, je pense, ne sera pas globalement positif.
J'espère que votre retour aux fondamentaux internationaux n'inclut pas la Corée du nord ?
Je lis que vous condamnez les alliances opportunistes avec le PS, très bien. C'est une constante des communistes antibois de refuser ces combinaisons que ce soit aux municipales, aux cantonales et aux législatives. Dès 1994 nous avons fait le choix de « A gauche vraiment » donc ni avec le PS mais ni avec la droite aussi ! Comment peut-on prôner le retour « aux valeurs communistes et faire des alliances « contre nature » aux municipales ?
Ce refus d'alliances avec le PS a subit des exceptions en particulier dans différentes élections cantonales où le retrait pur et simple de candidats permettait des élections soit de conseillers PS soit PC. Par contre, je me souviens des débats et difficultés pour imposer une liste Front de Gauche aux élections régionales de 2010 et aussi le refus de camarades de faire campagne aux dernières élections régionales pour la liste FDG/EELV.
Oui, le social-libéralisme est à combattre mais le libéralisme tout court aussi. C'est pour cela que je milite encore, certainement pas par nostalgie de modes d'organisation dépassés ni des formules toutes faites ou d'un vocabulaire suranné.
Pour moi le PCF est un outil qui doit permettre le rassemblement de toutes celles et de tous ceux qui refusent le libéralisme, qui ne veulent pas vivre dans cette société inégale où la fraternité a disparu et la liberté n'est accessible qu'aux plus riches.
En 1972 on savait déjà que l'on ne prendrait pas le pouvoir tout seul. Aujourd'hui le rassemblement qui a été initié avec le Front de Gauche doit être élargi pour qu'il devienne majoritaire.
Nulle part vous n'évoquez la situation sociale et économique, les enjeux écologiques ou la dérive antidémocratique, les bouleversements des systèmes de production, de la finance, le numérique, les rapports de force internationaux. C'est aux réponses à ces questions du 21e siècle que l'on doit travailler et non à je ne sais quelle identité perdue.
Nulle part vous pointez le danger de l'extrême-droite qui gangrène notre société, qui accentue le repli sur soi, le racisme, la xénophobie.
Préparer un congrès doit aussi se faire en allant à la rencontre des citoyens, des syndicalistes,des militants associatifs, ouvrir le débat en grand, sortir de l’entre-soi.
Voilà pourquoi je ne signe pas votre texte que je mets en pièce jointe en espérant que les blogs où il a été publié fasse de même avec ma réponse.
Je suis évidemment disposé à en débattre avec celles et ceux qui le souhaitent en toute amitié.