Quand la solidarité est un délit
Le 11 mai 2010, avec une dizaine de militants nous étions devant l’entrée du Silvaplana à Juan les Pins, l’expulsion locative de Monsieur Mathieu repoussée à plusieurs reprises était programmée. Tôt le matin je l’avais rencontré afin de le dissuader de jouer « fort chabrol » comme il disait. Il n’a rien voulu entendre. Je suis donc descendu rejoindre les militants du « droit au logement pour tous». J’ai alerté le sous-préfet, le maire, son secrétaire général, madame Blazy, vice-présidente de la CASA .
La police est arrivée puis Zonino l’huissier de justice. Ne le connaissant pas, je l’ai confondu avec le fils de monsieur Mathieu. Il m’a envoyé promener tout en pénétrant dans l’immeuble. La
police scientifique est arrivée puis les pompiers. Une bonne trentaine de personnes étaient présentes et Zonino n’a trouvé aucun témoin pour confirmer ses dires !
En fin de matinée, monsieur Mathieu est sorti menotté et embarqué par la police.
Je suis remonté au 5e étage pour questionner madame le commandant de police et savoir où était amené monsieur Mathieu, hôpital ou poste de police. A ce moment, Zonino n’a pas apprécié que je
fasse remarquer l’état du studio de monsieur Mathieu dont la porte avait été démolie. Une dizaine de policiers qui ne m’ont pas entendu proférer des insultes, le commandant de gendarmerie qui a
fait une déposition écrite a entendu « un échange vif » sans évoquer d’insultes de ma part.
L’audience prévue en avril 2011 a été reportée ce 12 octobre. Zonino était absent, son avocat proposant un nouveau report ! De la célérité de la justice appliquée aux affaires urgentes !
Une trentaine d’amis m’accompagnaient, comme eux j’avais la certitude que c’était notre action en faveur du droit au logement pour tous qui était jugée et non les assertions de Zonino.
J’ai été révolté d’assister à la séance précédant mon audition, un jeune menotté sans avocat jugé en quelques minutes, vol de quelques bouteilles d’alcool, prison ferme ; prison ferme requise
pour un accident de la circulation… affaires expédiées en quelques minutes ou renvoyées aux calendes grecques.
L’injustice de la misère, la misère de la justice.
Pour ce qui me concerne, je fais appel de ce jugement de classe.
Je continuerai de dénoncer les scandaleuses procédures d’expulsion locatives sans relogement qui sont une honte pour notre pays. Les maires des grandes villes de notre département sont tous
hors-la-loi SRU en toute impunité. 60 000 familles de notre département attendent un logement social, certaines depuis plusieurs années.
Hier matin j’étais à St Laurent du Var où une femme et ses deux enfants vivent dans un garage transformé en logement, ce logement et non cadastré et il a été pourtant revendu ! Le marchand de
sommeil qui loue ce taudis 950 € a pourtant profité d’une décision de justice et de la signature du préfet pour jeter à la rue cette famille, pas de relogement !
La lutte continue.