De Hollande à Sarkozy en passant par Stéphane Richard

Publié le par Gérard PIEL


François Hollande a ouvert la 2e conférence sociale de son quinquennat.
La 1ère avait commis l’ANI (Accord National Interprofessionnel) initié par le Medef et signé par la CFDT, la CGC et l’UNSA. Véritable démantèlement du Code du travail, cette loi est maintenant opposable dans les entreprises où les patrons s’en donnent à cœur joie.
La 2e conférence cible les retraites mais aussi la réduction des droits des chômeurs et la branche famille de la Sécurité sociale.
Le Medef, une nouvelle fois, dicte ses volontés à Hollande et son gouvernement.
Les libéraux sont aux commandes et récession et régression sociale sont programmées.


Au même moment où Hollande, tel un chamane, déclamait des incantations sur l’emploi, son ministre des transports et Veolia annonçaient 600 suppressions d’emplois à la SNCM (Société Nationale Corse Méditerranée), 600 postes à temps plein qui représentent 800 des 2 000 salariés, 40% !
D’une part, pour obéir aux injonctions de la Commission européenne (qui est l’émanation des états dont la France). D’autre part, pour laisser la place à Corsica ferry, compagnie privée qui bat pavillon de complaisance.
Cela fait des années que la SNCM gère, d’abord société publique qui assurait la continuité territoriale avec la Corse, elle a été bradée morceau par morceau pour finir, en 2006, par être cédée au fonds d’investissement Butler. La Caisse des Dépôts et Consignations détient une minorité de blocage pour le compte de l’état.


Cela c’était hier.


Aujourd’hui il y a une nouvelle catastrophe industrielle pour la région, c’est l’annonce des patrons d’E.ON qui gère plusieurs unités de production d’énergie en France, ils exigent des syndicats et des salariés qu’ils acceptent 535 suppressions d’emplois et l’abandon du projet de centrale thermique « Biomasse » de Gardanne.
E.ON s’est gavé d’argent public pendant des années et ses actionnaires jugent que le parc d’usines français ne rapporte pas assez.
Le travail d’élaboration de la transformation de la centrale de Gardanne pour qu’elle puisse être la tête de pont d’une filière bois-biomasse dans la région est effacé sur l’autel du fric-roi.


SNCM, E.ON mais aussi Kem One, Virgin (Marseille, Nice, Toulon), IBM, Texas Instrument, Arkhema, les centres de santé mutualistes auxquels il faut ajouter des milliers d’emplois publics.


Pour E.ON comment croire le pouvoir quand il invoque la transition énergétique, les énergies renouvelables et que, dans le même temps, ni Moscovici, ni Moontebourg ni Batho ne répondant aux courriers des syndicalistes ?


Revenons à la SNCM pour faire le lien entre Hollande et Sarkozy.


Stéphane Richard est bien le trait d’union.


Comme tous les bons inspecteurs des finances, il intègre en 1991, dès sa sortie d’HEC, le ministère de l’industrie et du commerce sous Dominique Strauss-Kahn. Un an après il est embauché par Jean-Marie Messier à la Compagnie Générale des Eaux. Il y reste jusqu’en 2007 date à laquelle il retourne dans un cabinet ministériel, celui de Jean-Louis Borloo, auquel succédera rapidement Christine Lagarde. C’est le moment de l’affaire Tapie – Crédit Lyonnais pour laquelle il est mis en examen pour escroquerie en bande organisée. Lui-même subit un redressement fiscal de 660 000 € sur ses revenus de 2000 à 2003 inclus. Eh bien, c’est en 2006 alors qu’il est n°2 de Veolia (nouveau nom de la CGE) en charge de la SNCM que la compagnie a été bradée à Butler.


Le pédigrée de Stéphane Richard ne plaide pas pour lui. Dès l’élection de Sarkozy (2007) il est devenu un proche du petit homme de Neuilly.


L’étau se resserre autour de l’ancien président. Va-t-il bénéficier de la réforme législative qu’il a lui-même initiée  et qui lui permet d’être intouchable sur ses turpitudes présidentielles ? Il semblerait que oui !


Sarkozy n’a rien à envier à Berlusconi. Il a utilisé sa majorité parlementaire pour se tailler des lois sur mesure. Il aura sali la fonction présidentielle, l’abaissant sans vergogne.


Le chef de bande de l’UMP qui est toujours membre du Conseil constitutionnel va peut-être avoir besoin du retour d’ascenseur de Tapie. Si l’instance suprême de la République juge que Sarkozy a bien utilisé les moyens de l’état pendant la campagne présidentielle son compte de campagne ne sera pas remboursé. 11 millions d’euros. Rien qu’à l’évocation de ce montant on a la nausée !


Du coup, on comprend mieux les gros besoins financiers du vacancier du Cap Nègre, de mémé Bettencourt à Kadhafi, de Tapie à Tiakeddine, il faut assouvir la bête à euros ou à dollars. Espérons que le Conseil constitutionnel sera impartial et refusera de gaver de nouveau d’argent public Sarkozy et l’UMP. Ils ont assez pillé le pays et ses habitants pendant cinq ans.


Alors oui, il faut vite une 6e République pour donner le pouvoir au peuple, pour tourner la page de cette période noire où la République était tombée dans les mains d’un gang politique qui se croyait tout permis.

 

 

 

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